Age du tertiaire

Tous ces indices glanés au fil des jours

Ne se recoupent pas, illisibles comme des hiéroglyphes

Coupés de leur civilisation, d’un monde perdu

Ne restent que quelques effluves délétères

Des loques de bandelettes auxquelles collent peaux et chairs sèches

Strates d’expériences sensées apporter sagesse

Laissent perplexe l’homo sapiens 35000 ans plus tard

Les cueilleurs –chasseurs, puis les pêcheurs astronautes

La guerre du feu, de dieu, de l’eau, du pétrole, de l’atome

Et moi jen’y comprend rien, tous les jours je me source de toutes les ondes

Et je me nourris de requètes informatiques, téléphoniques : l’age du tertiaire

Mes partenaires par delà la toile vivent des mêmes subsides

Insectes sur le web, où est l’araignée, sur quoi règne-t-elle ?

Puis on incante sur le monde à venir, le retour du perdu

Et on scrute les bandelettes auxquelles collent peaux et chairs sèches

Au microscope. Les grands primates rient-ils ? Le rat dans son labyrinthe

Le génome d’Aménophis. Tout cela va-t-il parler ?

Ici et maintenant, solide mais plat et vertigineux.

Notre avenir ébranlé par tous ceux qui meurent avant d’avoir vu,

Sur ce qui se passera demain qui ne peut être que mieux

On ne comprend rien ici, heureusement il y a les planètes

Les systèmes vus par Hubble via les paraboles. Alors on faribole,

On rave, on transe, quète de vérité primale et cosmique

Les charias, bulles papales, décrets gouvernementaux nous préparent

Au paradis de demain. Nous vivrons vieux et toujours forts.

Nos esprits et nos corps seront nus et simples comme la bible

Nous serons partout et toujours au lieu d’ici et maintenant

Nous n’auront plus le vertige sauf au décollage, la gravité

Nous rappellera à son souvenir. Une coupe de champagne réparera.

Supersonique et infra basses gommeront l’itinéraire entre l’être et le néant.

La destination : un transat en bord de piscine sur Albadéron,

Ou dans une bulle en plexi, ou dans une ZAC de mégapole.

La philosophie et la sémantique iront rejoindre au musée

les bandelettes auxquelles collent peaux et chairs sèches.

Que du vivant apaisé.